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Gestion des données écoresponsable et efficace

Gestion des données écoresponsable et efficace

28 novembre 2021

La gestion des données écoresponsable et efficace, utopie ou possibilité ?

Le 7 janvier 2021, WhatsApp annonce réviser sa politique de confidentialité pour « exploiter, fournir, améliorer, comprendre, personnaliser, soutenir et commercialiser » ses services. 72 heures après le début d’une virulente polémique pour WhatsApp, la messagerie sécurisée Telegram enregistre 25 millions d’utilisateurs supplémentaires. Whatsapp décide alors de repousser la mise à jour de ses conditions d’utilisation. Cet évènement illustre admirablement la problématique qui résulte de la confrontation de deux besoins essentiels.

« Le savoir est une arme » affirme le proverbe. En 2018, le cabinet McKinsey publie une étude qui le démontre : quel que soit le secteur, les entreprises collectant et exploitant de la donnée à grande échelle surperforment par rapport à tous leurs concurrents. L’une des finalités de l’exploitation des data est l’amélioration de l’expérience client. Par la levée d’un maximum d’informations, l’entreprise proposera au client une offre hyper-personnalisée. Cette approche client-centrique s’observe par exemple avec Netflix qui recommande un catalogue de films personnalisés, doté de visuels adaptés à l’utilisateur, s’attelant même à produire des films répondant aux données collectées.

D’après Statista, en 2035, 2142 zettaoctets de données seront créés. Un nombre intangible qui soulève son contingent de difficultés.

Tout d’abord, la question de la sécurité des données dont l’urgence n’est plus à démontrer lorsqu’on sait que même de grandes entreprises telles que la First American Financial Corp sont victimes de fuites de données.

L’éthique fait également figure d’enjeu majeur, comme le pointent des scandales tels que l’affaire Facebook-Cambridge Analytica avec un usage de la data à des fins de manipulation électorale.

Enfin, la question écologique est l’un des points les plus préoccupants : les data centers sont en effet responsables d’environ 14 % de l’empreinte carbone du numérique en France. Si l’exploitation des données est l’avenir, cet avenir doit être envisagé à travers le prisme d’une gestion durable.

Nous avons donc d’un côté un besoin des entreprises de traiter des données pour pouvoir développer des avantages concurrentiels, de l’autre, une demande de plus en plus exigeante dans la manière dont elles sont exploitées. Dès lors, nous sommes conduits à nous interroger : un équilibre entre l’assurance d’une gestion responsable, éthique et durable des données et la proposition d’une expérience client qui n’est pas remise en cause, est-il possible ?

Du profilage à la manipulation, il n’y a qu’un pas. Souvent mises en cause quant à leur politique de gestion des données, les entreprises se voient contraintes à montrer patte blanche. Pour le profane, la notion de big data reste un domaine nébuleux, voire opaque révélé à lui au fil des scandales. Ainsi, s’est peu à peu instauré un climat de méfiance. Une étude d’Harris interactive de 2016 estime que 28% des Français indiquent qu’ils acceptent moins facilement de communiquer leurs données personnelles aujourd’hui qu’il y a quelques années. De moins en moins à l’aise lorsqu’il s’agit de cocher la case mentionnant : « Je reconnais avoir pris connaissance des présentes Conditions Générales d’Utilisation et les accepte sans réserve », les utilisateurs ont plaidé pour inverser le rapport de force.

C’est le 27 avril 2016 que l’Union Européenne décide de taper du poing sur la table à travers le règlement no 2016/679, dit Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Visant à imposer un cadre législatif plus adapté à l’ère du big data, ce règlement s’affirme comme une réponse aux différentes dérives observées ces dernières années. Contraignant les entreprises à adopter un comportement plus responsable, ce règlement consacre l’une des demandes majeures du public : la reprise du contrôle des données personnelles par les utilisateurs aux mains des géants du numérique. On peut citer, entre autres, l’introduction de nouvelles obligations telle que l’exigence d’informer de manière complète et précise les utilisateurs lorsqu’on collecte des données ou encore la création du droit à la portabilité des données offrant à l’utilisateur la possibilité de récupérer une partie de ses données dans un format lisible.

Cette responsabilisation à marche forcée des entreprises peut s’avérer de prime abord comme un nouvel obstacle à pallier. Or, on a pu observer, seulement un an après la mise en application du règlement européen le 25 mai 2018, que cette nouvelle règlementation s’est montrée bénéfique pour un certain nombre d’entreprises. D’après Keyrus, 36% des entreprises qu’ils ont sondées, affirment que le RGPD a été l’élément déclencheur dans l’implémentation d’une data gouvernance en leur sein. Pour s’y conformer, il leur a fallu en effet réfléchir à une politique de gestion des données et définir une stratégie interne. On ne peut plus aujourd’hui ne pas se pencher sur des questions comme celle de la sécurité des données. Et, toutes ces actions initiées afin d’adopter une meilleure exploitation des données concourent concomitamment à l’abonnissement de la qualité des données.

Première priorité des entreprises, la recherche de données toujours plus qualitatives permet d’appuyer la prise de décision à partir d’analyses plus fiables. Évidemment, personne ne souhaite lancer un produit sur la base d’informations douteuses. L’amélioration de la qualité des données est en fait plus largement l’un des enjeux primordiaux sur lequel il faut plancher pour envisager une position durable dans un monde où la donnée est reine. Face à l’augmentation exponentielle du volume de données et donc de la nécessité de stockage, apprendre à maîtriser la manière dont celles- ci sont créées est un impératif. S’y hausser impose diverses actions de contrôle et d’organisation allant de la suppression des données périmées à l’implémentation d’une politique de création de données mieux ciblées en fonction des besoins de l’entreprise. Autrement dit, cela implique de s’assurer que les données restent qualitatives, du processus de création jusqu’à la phase de stockage.

En définitive, il est patent que seule une gestion responsable, éthique et durable des données peut garantir la qualité de celles-ci. La possession de données de plus en plus qualitatives permettant de mieux travailler à l’amélioration de l’expérience client. Cela traduit donc une coïncidence entre gestion responsable, durable et éthique, et amélioration de l’expérience client.


Julyan Pemot



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