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L’impact de la guerre en Ukraine sur les géants français qui opèrent en Russie

L’impact de la guerre en Ukraine sur les géants français qui opèrent en Russie

23 mars 2022

De nombreuses entreprises françaises risquent de subir des dommages collatéraux à cause de la guerre initié par Vladimir Poutine contre l’Ukraine. En effet, bon nombre de compagnies françaises exportent en Russie, y emploient du personnel ou y possèdent des sites de production. Certaines d’entre elles pourraient ainsi subir des complications ou des pertes en raison des tensions accrues entre la Russie, l’Europe et les États-Unis. D’ores et déjà, la situation fait que les produits fabriqués en France sont quasiment impossibles à exporter en Russie, les contraintes sur les paiements internationaux et le blocage du système bancaire SWIFT empêchant tout mouvement.

Le ministère français des finances a lancé un site web pour informer les entreprises des risques, notamment celui de cyberattaques, mais aussi pour partager des détails sur les problèmes de chaîne d’approvisionnement et la hausse du coût de l’énergie.

Voici la situation actuelle de quelques-unes des principales entreprises françaises, ou liées à la France, touchées.

1/ Société Générale 

Avec 12 000 employés et 2 millions de clients, Rosbank, l’unité russe de la Société Générale, est la neuvième plus grande banque du pays. Elle se concentre sur la banque de détail et les activités pour les entreprises russes et, dans une moindre mesure, internationales. 

Depuis les sanctions imposées à la Russie en 2014, la Société Générale a modifié l’accès de Rosbank aux fonds, qui est désormais autonome et financée localement. Cette banque a ainsi déjà souffert des sanctions imposées par les États-Unis et l’Europe contre la Banque centrale russe et risque d’être fortement impactée par les blocages du système bancaire SWIFT.

Rosbanck, comme toutes les banques européennes établies en Russie, fait aujourd’hui face au risque d’être nationalisée par l’État Russe.

2/ Renault

Renault possède une grande usine à Moscou qui produit 95 000 voitures par an, presque toutes destinées au marché russe. Celle-ci est actuellement à l’arrêt, à cause d’une perturbation important de la chaîne d’approvisionnement, notamment pour les modèles Captur, Duster, Arkana et Nissan Terrano.

Renault est également le propriétaire majoritaire (68 %), avec Rostec (32 %), du constructeur automobile russe Avtovaz. Ce dernier est beaucoup plus important que Renault en Russie et emploie 40 000 personnes dans deux usines, à Togliatti et Ijevsk, et a produit 411 000 véhicules l’année dernière.  Bien que les usines soient approvisionnées localement, celle de Togliatti a déjà été fermée en raison d’un manque de pièces, d’après Renault. On ne sait pas encore quelle sera l’ampleur de l’impact de la crise, ni si des répercussions se feront réellement sentir sur les employés et les fournisseurs.

3/ Engie

Via sa filiale GRDF, Engie importe de grandes quantités de gaz en provenance de la Russie. En effet, en 2018, 21 % du gaz français provenait de Russie, derrière la Norvège (43 %) et devant les Pays-Bas (11 %). Tant que les paiements peuvent se poursuivre, les conséquences pour Engie resteront limitées. 

Cependant, Engie est également lié, à hauteur d’un milliard d’euros, au projet controversé de gazoduc Nord Stream 2, qui passe par la Baltique et évite l’Ukraine. Les travaux sur le gazoduc ont été achevés en novembre, mais le chancelier allemand Olaf Scholz a suspendu le processus de certification après l’entrée des troupes russes en Ukraine. Le projet étant devenu extrêmement politique, son avenir est actuellement incertain…

4/ Auchan

La multinationale française de la distribution Auchan a dû fermer un grand nombre de ses 42 magasins en Ukraine, mais a jusqu’à présent gardé ouverts tous ses points de vente en Russie. La Russie est le troisième marché le plus important de l’entreprise, avec 240 magasins et un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros.

Utilisant principalement des fournisseurs russes, l’entreprise affirme ne pas avoir eu, pour le moment, de problèmes d’approvisionnement. N’utilisant pas le système SWIFT dans ses opérations bancaires, Auchan ne devrait pas être affectée par les sanctions actuelles.

5/ Airbus

La quasi-totalité des activités d’Airbus (avions, hélicoptères et espace) ont des bases en Russie (sauf la production d’armes). Comme l’ensemble de l’industrie aérospatiale en Europe, l’avionneur dépend de la Russie pour 50% de ses approvisionnements directs en titane, au travers d’un contrat signé en 2017 avec VSMPO-Avisma, le leader mondial du titane. Airbus s’est cependant efforcé de diversifier davantage ses sources d’approvisionnement pour ce métal, crucial pour la fabrication des pièces. 

Le groupe s’apprête également à livrer 14 A350 à la compagnie aérienne russe Aeroflot, et a conclu des partenariats industriels et d’ingénierie avec les sous-traitants russes Systema Invest et Kaskol. Malgré ces accords avec des sociétés russes, Airbus ne sera pas pénalisé par l’interdiction de l’Union européenne sur le commerce des pièces et équipements aéronautiques, car il a mis en place des systèmes pour ne pas être complètement dépendant d’un seul équipementier ou pays.



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