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L’affaire McKinsey expliquée

L’affaire McKinsey expliquée

15 avril 2022

Karim Tadjeddine, un des dirigeants de la branche française de McKinsey a déclaré sous serment à la commission d’enquête du Sénat, en janvier 2022, que le cabinet de conseil payait l’impôt sur les sociétés en France. La commission d’enquête sénatoriale a cependant obtenu par la suite les documents prouvant que McKinsey ne payait pas l’impôt sur les sociétés depuis 10 ans contrairement à ce qu’affirmait Karim Tadjeddine.

1/ Soupçons de fraude fiscale

Cette découverte amène à se demander comment McKinsey a fait pour ne pas payer d’impôt sur les sociétés en France depuis 10 ans. Le cabinet, comme beaucoup de groupes internationaux, utilise en fait un mécanisme d’optimisation fiscale. La filiale française verse en effet des frais de transfert à la maison mère pour rémunérer des services que celle-ci est censée lui donner. Cette pratique est légale dans la mesure où elle reste raisonnable, c’est-à-dire si elle correspond à un vrai service fourni par la société mère. En revanche, si ces frais de transfert sont utilisés de manière abusive, pour arriver à une situation où il n’y a pas d’impôt à payer du fait que tous les bénéfices de la filiale ont été transférés, cette pratique serait illégale. 

Le cabinet McKinsey est soupçonné d’avoir transféré tous les bénéfices de sa filiale française à sa maison-mère aux États-Unis en les faisant passer pour des frais de transferts. Ce soupçon est renforcé par le fait que la maison mère de cette entreprise est basée dans le Delaware, un paradis fiscal où le taux d’imposition sur la société est de 0% et où l’impôt sur les bénéfices réalisés par une filiale à l’étranger est forfaitaire et s’élève seulement à 250 dollars.

Deux enquêtes sont actuellement en cours, une enquête fiscale lancée par Bercy et une enquête pénale du parquet national financier. Le résultat de ces enquêtes permettra de déterminer si le cabinet McKinsey peut être désigné coupable de fraude fiscale ou non.

2/ Soupçons d’arrangements avec le chef de l’État

En 2017, 15 dirigeants de McKinsey ont participé activement à la campagne d’Emmanuel Macron. Il y a ainsi des soupçons d’arrangements entre le cabinet de conseil et le Président de la République française.

Le recours aux cabinets privés est perçu comme abusif avec des dépenses estimées entre 1 et 1,5 milliard d’euros par an sous le mandat Macron. On entend souvent qu’il s’agit du quinquennat où ces dépenses ont été les plus importantes mais en réalité c’est la première fois qu’on chiffre les dépenses de l’État pour les cabinets de conseil, les comparaisons sont donc impossibles.

Cette affaire amène aussi à se demander pourquoi faire appel à des cabinets privés alors qu’il y a des fonctionnaires qualifiés au sein de l’État. L’essor des nouvelles technologies peut en partie expliquer le recours important à ces structures privées. En effet, 75% des dépenses envers les cabinets de conseil sont consacrées à l’informatique, l’État possède peu d’informaticiens et est de ce fait un peu dépassé en la matière. 



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